Françoise Sagan avait un fils nègre !

L’édition française vient de vivre un moment merveilleux : la conception par PMA d’un futur best-seller, un livre posthume de Françoise Sagan publié 15 ans après la mort de son auteur.

C’est le fils de Sagan, Denis Westhoff, qui a retrouvé l’embryon, « perdu dans les papiers (de succession), dans une montagne de papiers ». Le texte était « inachevé, incomplet… en état de jachère. Pas corrigé ». Denis Westhoff a rajouté « les mots qui manquaient », mis « des paragraphes à la bonne place » … Selon ses dires, le résultat concentre « toute l’écriture de (sa) mère, tout son caractère, tout son esprit, tout son talent, tout son humour et puis toute sa liberté, il a un très fort caractère saganesque » (1).

L’industrie du livre s’est mobilisée pour donner au roman l’audience qu’il méritait. Son éditeur l’a tiré à 80 000 exemplaires (en secret durant l’été pour « faire un coup éditorial » à la rentrée) . Les libraires, le réseau des critiques littéraires, les journaux, radios et télévisions ont été mobilisés pour la campagne de promotion. Le nouveau chef-d’œuvre de Sagan occupe aujourd’hui les têtes de gondole.

Ce grand moment d’édition nous console de l’enterrement précipité de l’auto-roman de Yann Moix (pourtant annoncé comme un Goncourt potentiel), suite à son euthanasie par les médias. Yann Moix est pourtant un ancien animateur télé : le monde du spectacle est vraiment versatile et cruel.

C’est à l’aune de ce type d’évènements qu’on mesure la richesse de la littérature française.


(1) Déclaration sur France Inter, le 18 septembre 2019