Critique du « machisme » du Tour de France (Grégory Doucet, maire de Lyon), polémique autour d’un sapin de Noël (Pierre Hurmic, maire de Bordeaux), dénonciation du « pédoland » parisien et promotion du « génie lesbien » (Alice Coffin, conseillère municipale de Paris) … les écologistes d’EELV élus récemment à la tête des grandes villes françaises ont du mal à cerner les priorités.
Pour tout dire, EELV n’est pas intéressé par l’action concrète, surtout lorsqu’elle exige un engagement fort. A Sivens et à Notre Dame des Landes, le parti écologiste a laissé les zadistes affronter seuls l’Etat, avec le coût humain que l’on sait. D’une manière générale, EELV se préoccupe peu des combats menés « dans les territoires » (Bure, Gardanne, Caussade …). Le mouvement ne relaie pas ces luttes au niveau national, alors qu’il a accès aux médias et est représenté dans les instances politiques nationales.
EELV est plus intéressé par les arcanes du pouvoir. Ses militants ont surtout vocation à épauler les leaders dans leur ascension. Ceci explique le caractère « fermé » du parti : lieu de toutes les manipulations, EELV n’a qu’une seule crainte : se faire noyauter par une secte concurrente (LFI ?).
EELV recrute essentiellement en milieu urbain. Ses militants sont des citadins dogmatiques et autocentrés. Alice Coffin en est, si l’on peut dire, la quintessence.
EELV réussit l’exploit de combiner en son sein l’extrémisme de militants « kmers verts » et l’opportunisme de dirigeants préoccupés par leur carrière politique, d’où le grand écart entre son discours (parfois) maximaliste et ses pratiques (toujours) conciliantes.
Tout au long de son existence, le parti a produit une kyrielle d’apparatchiks qui se sont recasés dans l’appareil d’état en monnayant leur pouvoir de nuisance : les de Rugy, Pompili (ministres) ; Dufflot (présidente d’Oxfam France) ; Joly, Canfin (députés européens) ; Placé (au Conseil Régional d’Ile de France), et bien sûr l’intermittent du Spectacle Cohn Bendit, conseiller du Prince.
Aujourd’hui, tout en condamnant férocement l’usage « d’arbres morts » à Noël, EELV prend soin de ne pas exiger l’abandon immédiat du projet EPR de Flamanville, pour ne pas compromettre l’avenir politique de ses dirigeants.
A deux ans des élections présidentielles, les deux principaux leaders d’EELV consacrent toute leur énergie à contrôler le parti et à nouer des alliances politiques. Que Yannick Jadot et Eric Piolle se rassurent : aucun des deux ne sera élu président de la république. Ils sont incapables de rassembler les français autour d’un projet politique.
Car ce projet n’existe pas.
La crise écologique est patente. Au delà du réchauffement climatique, c’est la survie du vivant qui est en jeu. La question n’est plus de savoir où positionner le curseur entre la bougie des amish et les centrales nucléaires d’ENEDIS, mais de réaliser une véritable révolution civilisationnelle, avec comme point d’achoppement le redéploiement de l’économie dans un monde globalisé.
La tâche est immense. On le voit, on est loin de la problématique des arbres de Noël et il n’est pas certain que le génie lesbien suffise.
L’écologie politique vit un terrible paradoxe : l’opinion publique est convaincue de l’ampleur de la crise et de l’urgence d’agir ; les initiatives écologistes individuelles ou collectives foisonnent ; pourtant, les tenants de l’écologie politique sont incapables de transcrire ces aspirations dans un grand projet fédérateur.
Pourquoi les dirigeants d’EELV sont-ils si ennuyeux quand il nous parlent d’écologie ?
Porca miseria …