Disruption fatale

« Moi quand on m’en fait trop … j’dissous. J’dynamite. J’disperse. Et j’ventile »

A bout de nerfs, Macron vient de faire exploser la Droite avant d’autodétruire sa majorité le 7 juillet prochain. Son deuxième quinquennat va finir prématurément (1) mais en apothéose, avec le probable avènement du deuxième « Etat Français » en guise de VIe République.

Son règne aura été un condensé de suffisance, d’amateurisme et de cynisme.

A l’étranger, son parcours sinusoïdal a fait l’étonnement de ses pairs. Macron s’est spécialisé dans la promotion de gadgets géopolitiques, de la coalition anti-Hamas à l’envoi de troupes au sol en Ukraine.

En France, il a provoqué au moins deux crises majeures par son inconséquence : la révolte des « gilets jaunes » et les émeutes en Nouvelle Calédonie. Il s’est acharné à imposer des réformes mal ficelées et mal conduites, au mieux absurdes (celle de la taxe d’habitation), au pire injustes (celle des retraites). En définitive, Macron a surtout réussi à user la patience de « (ses) compatriotes des territoires ».

Il est devenu en quelques années le symbole du technocrate arrogant et hors sol. Cet homme est paradoxal : héraut de la modernité, il se réclame d’un dogme économique éculé, le ruissellement ; chantre de la concertation, il a gouverné à coup de flash ball et de 49.3.

Seule la peur l’a fait changer – temporairement – de politique : peur de l’explosion sociale lors de la crise des gilets jaunes et peur de l’effondrement du système de santé lors de l’épidémie de covid.

Soyons honnêtes : Macron n’est pas totalement mauvais. Il a quand même présenté les condoléances de la République à la veuve de Maurice Audin (2) et a fait entrer le couple Manouchian au Panthéon. Il a aussi pris deux décisions laissées en suspens par Hollande le Procrastinateur : l’abandon du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes et la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Mais c’est quand même un peu maigre pour un homme qui prétendait vouloir « révolutionner » la France.


(1) L’intéressé a déclaré à la presse qu’il resterait à l’Elysée jusqu’en 2027 quoi qu’il advienne, raison de plus pour se préparer à une élection présidentielle anticipée.


(2) Jeune mathématicien communiste assassiné par les parachutistes de Massu lors de la bataille d’Alger en 1957.