La gauche burkini

Quand la gauche nage en eau trouble …

Le 16 mai, Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, a fait voter par son conseil municipal – à majorité de gauche – l’autorisation du port du burkini dans les piscines de sa ville, arguant qu’ « il n’y a aucune raison qu’on impose des injonctions vestimentaires aux femmes ».

On en impose bien aux hommes, puisqu’on leur interdit le port du caleçon de bain ! On le fait pour des raisons sanitaires : le même argument devrait justifier l’interdiction du port du burkini, sans plus de débat.

Il ne s’agit donc pas pour Eric Piolle d’une affaire de tissu, mais d’une question politique. Il veut « confessionnaliser » l’espace municipal, évidemment pour capter le vote musulman (ou supposé tel, car les musulmans ont peut-être d’autres soucis que vestimentaires). Le comble, c’est qu’il le fait au nom des droits des femmes.

Ce petit fait divers en dit long sur le confusionnisme idéologique qui règne à gauche.

La gauche a renoncé à changer le monde. Elle n’aspire plus aujourd’hui qu’à gérer des clientèles politiques. Elle a abandonné le combat universaliste pour une stratégie marketing de niches.


Autre évènement du même acabit, l’affaire Bouhafs.

Taha Bouhafs est un journaliste/activiste franco-algérien né en 1997. Il s’est fait connaître en 2018 en filmant Benalla en pleine action place de la Contrescarpe à Paris et en diffusant des fake news sur les violences policières à la fac de Tolbiac (« Les CRS épongent le sang des étudiants à l’intérieur de la fac pour ne laisser aucune trace »). Proche des milieux indigénistes, il a milité au comité Adama et a participé à la marche contre l’islamophobie. Il fait partie aujourd’hui de la nébuleuse qui gravite autour de Mélenchon.

Les insoumis ont essayé de l’imposer comme candidat de la NUPES dans la 14eme circonscription du Rhône. Ils l’ont écarté en catastrophe le 9 mai après avoir reçu plusieurs signalements le concernant pour violences sexuelles.

Le problème n’est pas que Bouhafs soit suspecté de viol : cela arrive aussi à des ministres, et LFI n’est pas responsable des agissements de ses adhérents dans leur vie privée. Le problème, c’est que les insoumis aient voulu faire de ce personnage un député, malgré ses nombreux dérapages publics. Bouhafs a été récemment condamné en première instance pour « injure publique en raison de l’origine » (il a qualifié la syndicaliste policière Linda Kebbab d’«arabe de service » – le jugement est en appel). Il est coutumier de propos limites sur twitter (il a ainsi traité de « pute blanche » une prostituée qui se comparait à Rosa Parks). Il s’est spécialisé dans la traque sur internet des personnalités de culture musulmane – femmes de préférence – qui manifestent trop vivement leur attachement à la laïcité.

Pour les insoumis, ces excès verbaux ne sont que « des propos mal calibrés » tenus par un jeune « issu des quartiers populaires » (Alexis Corbière). A LFI, le patriarcat est à géométrie variable. Crime quand il est le fait d’un « mâle hétérosexuel blanc », il devient simple débordement chez un « racisé ». On peut mesurer là, concrètement, les effets des thèses intersectionnalistes (1) dont se prévaut la gauche woke.

Peu importe en définitive que la NUPES arrive un jour au pouvoir, ou qu’elle permette seulement à Mélenchon de couler des jours heureux à la tête de l’opposition : d’un point de vue de gauche, la NUPES, c’est déjà un échec.


(1) Comme le dit très justement Fatiha Agag-Boudjahlat : « (l’intersectionnalité) fonctionne (…) comme une intersection routière : il y a toujours une priorité et un « cédez le passage ». Avec l’intersectionnalité, ce sont toujours les femmes qui cèdent le passage aux intérêts du groupe ethnique et religieux auquel on les assigne. »

Le syndicat des perdants


La réélection de Macron une fois acquise, les partis de gauche (LFI, EELV, PS, PC) ont mis moins d’un mois pour s’unir, avec les législatives en ligne de mire. Il est vrai, ces élections sont beaucoup plus importantes que l’élection présidentielle : elles permettent aux partis politiques de caser leurs responsables à l’Assemblée et d’assurer leur financement pendant cinq ans (1).

Compte tenu du taux d’abstention prévisible, le ticket d’entrée pour le 2ème tour des législatives se situe à 20 – 25% des voix au premier tour. Vu leur poids électoral, les partis de gauche ne peuvent pas se permettre de s’affronter : il leur faut donc – pour survivre – se répartir les circonscriptions.

C’est surtout de cela dont ont discuté les signataires de la « nouvelle union de la gauche », le contenu du « programme commun » de gouvernement restant secondaire. Tout le monde est convaincu d’ailleurs que Mélenchon ne sera jamais premier ministre (tout au plus peut-il prétendre au titre de fou du Roi). Si les partis de gauche voulaient réellement exercer le pouvoir, ils se seraient alliés avant l’élection présidentielle, pas après.

La « nouvelle union de la gauche », c’est juste une alliance à vocation alimentaire.


(1) Ce financement est en deux parties :

– une partie calculée sur la base du nombre de voix recueillies aux législatives, pour les partis qui ont obtenu au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions,

– une partie calculée au prorata du nombre de parlementaires (députés et sénateurs).

Autodafé


Le conseil scolaire catholique Providence, qui gère une trentaine d’écoles francophones dans le sud-ouest de la province de l’Ontario (Canada), a procédé en 2019 à une cérémonie « de purification par le feu », en brûlant plusieurs centaines de livres de jeunesse (dont des albums d’Astérix, de Tintin et de Lucky Luke) accusés de véhiculer des stéréotypes négatifs sur les amérindiens. Les cendres ont servi d’engrais à la plantation d’un arbre.

Les catholiques ont la fâcheuse habitude de brûler ce qui les dérange : hier les cathares, huguenots, sorcières, libres-penseurs, aujourd’hui des bandes-dessinées.

Ce dernier autodafé (à la limite du rituel satanique) était certainement destiné, dans l’esprit de ses auteurs, à racheter (faire oublier ?) la responsabilité de l’Eglise Catholique dans l’ethnocide des peuples autochtones canadiens.

L’Eglise a géré pendant plus d’un siècle 139 pensionnats disséminés dans tout le pays dans lesquels ont été déportés 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits arrachés à leur parents, coupés de leur langue et de leur culture. Ils y ont subi de nombreux sévices, dont sexuels. Plus de 4 000 y ont trouvé la mort, selon une commission d’enquête officielle qui a qualifié cette entreprise de « génocide culturel ». Ce crime a été perpétué jusque dans les années 1990.

Les catholiques canadiens ne sont donc pas les mieux placés pour parler au nom des amérindiens. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas besoin des curetons wokes pour se défendre ; ils se mobilisent actuellement contre des scandales bien plus graves que des images de bandes dessinées.

Depuis 1980, plus de 3000 femmes autochtones ont été assassinées au Canada. Ce nombre est effarant : il représente un quart des homicides de femmes, alors que seulement 5 % des canadiennes sont d’origine amérindienne. La plupart de ces crimes n’ont pas été élucidés. Il a fallu plusieurs rapports d’ONG pour que la police s’y intéresse.

Il existe un autre scandale que le Canada a longtemps ignoré : la spoliation des peuples indigènes, qui a réduit les autochtones à la misère et les prive aujourd’hui des ressources présentes dans le sous-sol de leurs terres.

Réappropriation de leur histoire, combat contre les discriminations, défense de leurs droits : les « premières nations » ont pris leur destin en main.

Vive la lutte des peuples amérindiens, par Toutatis !


Deux ouvrages constituent des témoignages de premier plan sur la situation des amérindiens canadiens :

– Un livre bouleversant réalisé par la journaliste française Emmanuelle Walter, installée à Montréal, sur les meurtres de femmes autochtones : « Sœurs volées. Enquête sur un féminicide au Canada » (éd. Lux, 2014).

– Un reportage graphique, rigoureux et documenté, réalisé par le dessinateur américain Joe Sacco sur la vie des autochtones canadiens : « Payer la terre » (éd. Futuropolis, 2020).

La liberté est dans le hijab

Nasrin Sotoudeh est une avocate iranienne.

Elle est en prison depuis 2018. Elle a été condamnée à 33 ans de prison et à 148 coups de fouet pour avoir défendu des femmes qui avait ôté leur voile en public.

Elle a été relâchée brièvement en janvier 2021 en raison de son état de santé (suite à une grève de la faim). Elle a de nouveau été emprisonnée le 20 janvier 2021.

Elle avait déjà été emprisonnée entre 2010 et 2013 pour avoir défendu des opposants au régime (elle a reçu le Prix Sakharov – décerné par le Parlement Européen – en 2012 pendant sa détention).

« La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab » est le slogan d’une campagne lancée par le Conseil de l’Europe début novembre (elle a été suspendue à la demande du gouvernement français).

Le Conseil de l’Europe (à ne pas confondre avec le Conseil européen) est une organisation intergouvernementale qui regroupe 47 états (dont la Russie et la Turquie) et qui s’est donnée pour mission … « de défendre les droits de l’homme » .

Comment soutenir Nasrin Sotoudeh ?

Le Conseil national des barreaux a mis en ligne une pétition pour exiger sa libération. Signer la pétition.

Zemmour affole la bête

Eric Zemmour serait-il le dernier situationniste ? Il est en train de ridiculiser la « démocratie bourgeoise » en détournant l’élection présidentielle à des fins crapuleuses, pour fourguer un manifeste nationaliste écrit à la va-vite (1).

C’est en tout cas un sacré performeur : Il monopolise la scène politique depuis deux mois avec seulement l’aide d’une poignée de militants identitaires et quelques millions d’euros avancés par de discrets philanthropes. Depuis son entrée en non-campagne, il dicte son agenda à la classe politique française, alors qu’il n’est même pas candidat à la présidentielle.

Mais sa vraie fausse candidature ne relève pas du seul marketing : elle s’inscrit dans une démarche politique murement réfléchie.

Beaucoup, à l’extrême droite, ne croient pas dans les chances de Marine Le Pen. Ils pensent que le Rassemblement National ne pourra jamais arriver au pouvoir seul. Ils rêvent de constituer une grande coalition « populiste » regroupant conservateurs, anti-européens, identitaires et souverainistes.

Cette stratégie n’est pas absurde. La droite illibérale est au pouvoir en Pologne, en Hongrie, en Slovénie. Alors, pourquoi pas en France ? L’extrême droite et la droite « dure » font largement jeu égal avec les tenants du libéralisme, d’autant plus que la gauche est définitivement hors jeu, avec moins de 30% de l’électorat.

Pour mettre en oeuvre cette stratégie d’alliance, il faut renvoyer Marine Le Pen à ses chats, faire sauter les derniers verrous moraux à droite et donner aux électeurs « patriotes » un socle idéologique commun. Eric Zemmour s’y emploie en orchestrant une grande catharsis identitaire. Il prépare la mise à feu du troisième étage de la fusée Le Pen, la mise sur orbite de Marion Maréchal Pétain.


(1) A peine entré en politique, Zemmour innove : c’est le premier politicien à vendre ses tracts.

Prevert l’esclavagiste

Pour toi mon amour

Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j’ai acheté des oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j’ai acheté des fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j’ai acheté des chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
mon amour
Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t’ai cherchée
Mais je ne t’ai pas trouvée
mon amour.

(Paroles, Jacques Prévert)

En février 2021, Nadine Couvreux, enseignante à Toronto, a été traduite en conseil de discipline par le rectorat local, le TDSB (Toronto District School Board) suite à la plainte d’un de ses élèves. Son crime ? Avoir fait « l’apologie de l’esclavage » en présentant en cours le petit poème ci-dessus …

Cette affaire est symptomatique de la bêtise woke et de la lâcheté des autorités universitaires outre-atlantique.

Je vous invite vivement à envoyer un petit mail de félicitation aux censeurs du TDSB pour leur contribution majeure à la lutte anti-raciste. Accéder au site du TDSB

Le TDSB a récidivé depuis : il a interdit à ses élèves de participer à un comité de lecture consacré au livre de Nadia Murad, dans lequel cette jeune femme yézidie raconte sa captivité chez Daech comme esclave sexuelle (« the last girl : my story of captivity, and my fight against the islamic state »).

Motif invoqué par les responsables du TDSB : l’autobiographie de Nadia Murad risque « d’offenser les élèves » et « d’encourager l’islamophobie ». Les wokes confondraient-ils « musulman » et « islamiste » ?

(Nadia Murad a reçu le prix Nobel de la paix en 2018 pour son action contre le viol utilisé comme arme de guerre).


Lynchage à Sciences Po

Le 4 mars 2021, Deux professeurs de l’IEP (Institut d’Etudes Politiques) de Grenoble, Klaus Kinzler et Vincent Tournier, ont été mis en cause dans des affiches apposées sur les murs de leur école (« Des fascistes dans nos amphis »). Ces accusations ont été reprises sur les réseaux sociaux, ce qui a valu aux deux enseignants d’être placés sous protection policière.

Leur crime ? Ils ont refusé que le terme « d’islamophobie » soit accolé aux mots « racisme » et « antisémitisme » dans l’intitulé d’un débat organisé par l’IEP : chacun sait que ce terme, très prisé par les islamistes et leurs supplétifs wokes, sert à assimiler les critiques de l’islam et des idéologies qui s’en réclament à du racisme. Outre la dénonciation des flicaillons de l’UNEF, les deux enseignants ont dû subir les foudres de leurs collègues dans la presse (1).

Cette affaire a mis en lumière tous les aspects de l’imposture woke : le caractère pseudo scientifique de cette idéologie (2), l’impudence et l’hypocrisie de ses adeptes (qui qualifient de censure la moindre mise en question) et leurs méthodes staliniennes pour quadriller l’Université (intimidation, insultes et délation).

Certains étudiants de l’IEP se sont crus obligés de surenchérir sur leurs maîtres à penser. Ils ont relayé sur internet les accusations d’islamophobie portées contre les deux enseignants. Connaissant le sort de Samuel Paty, c’est en faire volontairement des cibles. Ces gens là ont une âme de tchékiste.


(1) Tribune publiée par le Monde le 17 mars 2021.


(2) Dans la polémique engagée avec Klaus Kinzler, une enseignante en histoire de l’IEP de Grenoble a qualifié l’islamophobie de « concept heuristique utilisé dans les sciences sociales » ou comment donner une dimension scientifique à un concept politique douteux …


Les suites de l’affaire (22 décembre 2021) :

Les 17 étudiants-délateurs poursuivis devant une instance disciplinaire de l’IEP Grenoble ont été relaxés. Par contre fin décembre, la direction de l’école a suspendu Klaus Kinzler pour 4 mois pour « propos diffamatoires » (3).

En rétorsion, Laurent Wauquiez a annoncé qu’il supprimait la subvention de 100 000 € attribuée à l’école par la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Que les soubresauts de Sciences Po Grenoble soient instrumentalisés par la droite et l’extrême-droite n’enlève rien au caractère stalinien du comportement des responsables de l’école. Ils utilisent leur pouvoir institutionnel pour faire taire les voix dissidentes, tout en prétendant que « la liberté d’expression est au cœur de leur projet académique ».

Ils ont beau jeu de taxer la décision de Wauquiez de « politique » : comme si eux-même n’avaient pas pris une décision politique en sanctionnant Klaus Kinzler !


(3) Dans un entretien accordé début décembre à plusieurs médias, dont Marianne, Klaus Kinzler a déclaré que Sciences Po Grenoble était un « institut de rééducation politique » et il a accusé un noyau d’enseignants woke d’endoctriner les élèves.


UNEF : le sketch des réunions non mixtes

Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, est sortie de l’anonymat le 17 mars 2021 pour justifier sur Europe 1 l’organisation par son syndicat de réunions non mixtes « pour permettre aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu’elles subissent ».

Cette pratique n’est pas nouvelle : SUD-Education avait organisé des réunions de ce type en Seine-Saint-Denis en 2017 et les militants d’extrême gauche en font régulièrement dans les universités de sciences sociales en application des thèses intersectionnalistes.

Sans ironie aucune, on pourrait s’étonner que des mouvements dits « progressistes » veuillent ainsi empêcher les victimes du racisme de témoigner devant leurs condisciples « blancs ».

A gauche, les tenants du clientélisme ethnique ont bien sûr pris la défense de l’UNEF : Eric Coquerel et Jean-Luc Mélenchon (LFI), Julien Bayou et David Cormand (EELV) … certains avec des arguments hilarants : Yannick Jadot (EELV) admet les réunions non-mixtes si elles ne sont pas décisionnaires (autrement dit, si elles ne servent à rien, comme les assemblées d’EELV). Audrey Pulvar (adjointe à la mairie de Paris) veut bien, elle, les ouvrir aux « blancs » à condition qu’ils se taisent (1).

La droite (gouvernementale et d’opposition) ne s’est pas contentée de regarder la gauche s’enliser dans la promotion du communautarisme. Elle a dénoncé les pratiques de l’UNEF avec une virulence qu’on ne lui connaissait pas en matière d’antiracisme, au point de réclamer la dissolution du syndicat étudiant.

Il n’y a pas lieu de dissoudre l’UNEF pour si peu. Depuis des décennies, ce que dit ou fait cette organisation n’intéresse plus personne sur les campus. Elle n’a aujourd’hui qu’une seule utilité : permettre aux futurs apparatchiks des syndicats et partis de gauche de se faire les dents sur les étudiants (2).


(1) déclaration faite sur BFM TV le 27 mars 2021 : « pas question de jeter dehors (l’homme blanc, la femme blanche), en revanche on peut lui demander de se taire, d’être spectatrice ou spectateur silencieux ».


(2) Le 22 mars, 250 anciens responsables de l’UNEF ont publié une tribune émouvante dans le Monde pour dire tout ce qu’ils devaient à cette institution de la gauche française.


La révolution qui vient

COMMUNIQUÉ

2 scooters et 4 voitures incendiés, une vitrine explosée, 11 conteneurs à déchets brûlés, 3 nervis de l’Etat amochés. C’est avec fierté que nous publions aujourd’hui ce communiqué de victoire.

Samedi, place de la République, nous avons résisté aux assauts féroces des mercenaires du pouvoir macronien. Hier, à Paris, nous l’avons prouvé : il est possible de stopper l’hydre du capitalisme mondialisé.

Par cette action audacieuse, nous avons montré à la jeunesse conscientisée la vraie voie, celle de la Révolution. Nous n’avons que faire de la loi dite de « sécurité globale », de la liberté de la presse sioniste et des pleurnicheries humanistes. L’urgence est de détruire l’état libéralo-fasciste qui nous confine. une fois nos oppresseurs éliminés, nous assurerons nous-mêmes la sécurité, sans loi ni police, à l’exemple de nos glorieux prédécesseurs de 1917 dont les camions sillonnaient les rues de Moscou la nuit venue pour traquer les ennemis du peuple jusque dans les chiottes.

Frères et sœurs uberisé.e.s, relevez la tête demain quand vous passerez boulevard Magenta devant des restes de poubelles calcinées : une lumière brille au bout du tunnel de vos vies. Non ! Ce n’est pas la lueur de la bougie mélenchonienne : ce sont les flammes des incendies que nous avons allumées.

Vive les black blocs !
Vive la Révolution qui vient !


« Quand tout va mal, et que cela semble nuit noire pour beaucoup de personnes qui ne trouvent pas leur compte dans cette société, il faut allumer une lumière pour qu’on se dise qu’il y a un bout du tunnel, qu’on peut faire autrement […] Je propose ma candidature » (Jean-Luc Mélenchon sur TF1, le 8 novembre 2020)


Covid : révolte d’un « hipper »

Bon, allez, soyons francs :

Arrêtez tout. TOUT.

Les masques. Les confinements.

Excepté face à vos parents très fragiles (quand ils le souhaitent, ce qui n’était pas le cas de mon père, meurtri à mort d’être privé de notre amour). Vivez à fond, tombez malades, allez au restaurant, engueulez les flicaillons, contredisez vos patrons et les lâches directives gouvernementales. Nous devons désormais vivre, quitte à mourir (nos aînés ont besoin de notre tendresse davantage que de nos précautions). On arrête d’arrêter. On vit. On aime. On a de la fièvre. On avance. On se retire de la zone grise. Ce n’est pas la couleur de nos coeurs.

En ce monde de pisse-froid, de tweets mélodramatiques et de donneurs de leçons, ce texte sera couvert d’affronts, mais peu m’importe : mes aînés vous le diront : Vivons à fond, embrassons-nous, crevons, ayons de la fièvre, toussons, récupérons, la vie est une parenthèse trop courte pour se goûter à reculons.

Nicolas Bedos (Instagram, 24 septembre 2020)

Conséquence d’un confinement dans l’île de Ré mal vécu ? (les îliens sont des gens si fermés …). Nicolas Bedos appelle à la révolte contre papa Castex.

Nicolas Bedos veut « jouir sans entrave », ici et maintenant. Il veut pouvoir jouer à la roulette russe avec le covid si ça lui chante. Mais attention, sans balle dans le barillet ! Car il le sait, s’il contracte le covid, son nom lui servira de coupe-file dans les hôpitaux et lui ouvrira la porte des meilleurs spécialistes.

Nicolas Bedos préfère jouer avec la vie des autres, les « pisse-froid » pour qui le covid représente une menace mortelle et qui ne veulent pas finir en réanimation (mais leur vie mérite-t-elle d’être vécue ?)

Le masque, c’est juste bon pour ceux qui n’ont pas les moyens d’être malade, les tâcherons qui risquent leur vie à la gagner : les caissières de super-marché, les éboueurs, les infirmières et les « flicaillons » qui sécurisent les sorties de bars parisiens.

Nicolas Bedos s’amuse à prendre le contrepied du discours médical pour faire le buzz. L’épuisement des soignants et du personnel des EHPAD, leur angoisse fasse à l’arrivée d’une deuxième vague, ce n’est pas trop son problème.

Dans son petit cri égoïste, il invoque l’amour des « aînés » : il sait pourtant que c’est leurs brancards qui resteront dans les couloirs quand on manquera de place en réanimation.


Gérald la bavure

Un mois après le tête-à-queue spectaculaire de Castaner avec son oxymore « du soupçon avéré » (de violences policières), son successeur a fait une sortie de route sur le même sujet en se moquant de la mort de Cédric Chouviat sous le genou de la force publique (1).

Laissons aux exégètes de la vie politique le soin d’interpréter le dérapage de Darmanin (provocation ou bêtise ?) : on sait au moins que ce n’est pas la décence qui l’étouffe.

Qu’a-t-il dit sur le fond ? Dans un état de droit, l’usage de la force par la police est légitime. Autrement dit, il n’y a pas de violence policière tant que la justice ne dit mot.

Vues sous cet angle, les choses sont simples : la mort de Rémi Fraisse : un non lieu. Celle de Steve Caniço : bientôt un. La mort d’Adamo Traoré en serait déjà un si ses proches n’avaient pas ameuté l’opinion publique. Les yeux crevés et les mains arrachées pendant les manifestations des gilets jaunes ? Une vue de l’esprit, puisque aucun policier n’a été condamné.

Malheureusement pour Darmanin, la réalité ne se fabrique pas à coup de syllogismes. La réalité en matière de violence policière, il la connait d’ailleurs très bien, puisqu’il en est l’ordonnateur.

En France, l’usage excessif ou non justifié de la force par la police est institutionnel. Il procède de la doctrine du maintien de l’ordre : la police n’agit pas pour contenir ou maîtriser, mais pour punir, dans une logique répressive.

Cette doctrine place les policiers eux-mêmes dans une situation intenable. Elle en fait des cibles, pour les jeunes des quartiers « difficiles » en particulier.

Dans ces conditions, qu’on arrête de nous parler de police républicaine …

Comment sortir de ce piège mortifère ? Le gouvernement le sait parfaitement : cesser de prendre les policiers pour des imbéciles en les abreuvant de déclarations démagogiques ; leur donner plutôt des conditions de travail décentes, des moyens suffisants et une éthique ; les réinsérer dans la population (en rétablissant la police de proximité) ; abandonner « la politique du chiffre » et faire de l’IGPN un véritable auxiliaire de la justice, en la rendant indépendante du ministère de l’intérieur.

Dans un état de droit, la légitimité des forces de l’ordre est à ce prix.


(1) « Quand j’entends le mot “violence policière”, moi, personnellement, je m’étouffe » (propos tenu devant la Commission des lois de l’Assemblée Nationale, le 28 juillet 2020)


Darmanin, innocent d’Etat

Emmanuel Macron s’en est assuré, « d’homme à homme » : Gérald Darmanin est innocent.

Il n a pas commis de viol. Il a juste négocié une relation « librement consentie » en échange d’une petite intervention auprès du ministère de la justice (on imagine la valeur d’un consentement obtenu dans ces conditions).

Il n’appartient pas au Président (ni à quiconque d’ailleurs) de décider de l’innocence – ou de la culpabilité – de Gérald Darmanin. En toute logique, ce serait à la justice de le faire.

Seulement voilà, Emmanuel Macron a mis tout son poids dans la balance. Qui peut croire aujourd’hui qu’un juge osera le contredire ? L’affaire Darmanin est devenu l’affaire Sophie Patterson-Spatz contre l’Etat français.

La nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur est incompréhensible. Quelle autorité peut avoir un ministre trainant derrière lui un « soupçon avéré » d’abus sexuel ? Quelle crédibilité peut-il avoir dans la lutte contre les violences sexuelles ?

On ne sait si sa nomination est due à un calcul politique (séduire l’électorat de droite) ou à la difficulté à pourvoir le poste, compte tenu de la foule de talents qui se pressent autour du Président…


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Disneyland

Le 28 janvier 2020, Donald Trump a présenté le « plan de paix » américain pour le Proche orient devant un Netanyahou hilare. « Bibi » avait raison de se fendre la poire, car ce plan est une véritable farce.

Il prévoit un « état » palestinien constitué de deux bantoustans reliés par un train souterrain à grande vitesse (c’est le côté le plus fun du plan). Les israéliens garderont toutes leurs colonies en Cisjordanie. Les lambeaux de territoires concédés aux palestiniens seront reliés entre eux par des tunnels ou des viaducs (pour ne pas rompre la continuité territoriale d’Israël).

Les israéliens récupèreront la vallée du Jourdain. En échange, ils offriront aux palestiniens deux enclaves dans le désert du Néguev (ils pourront y organiser des courses de chameaux).

Heureux palestiniens ! Ils auront le sentiment de vivre dans un parc d’attraction tout en étant débarrassés des corvées administratives : pas d’espace aérien ni de port de commerce à gérer ; pas de poste frontière avec la Jordanie (la Cisjordanie palestinienne sera complètement enclavée dans Israël). Même les nappes phréatiques situées sous les colonies juives appartiendront aux israéliens.

Le problème du partage de Jérusalem est résolu : la partie arabe de la ville sera annexée par Israël ; Jérusalem, dont l’intégrité sera ainsi préservée, sera confirmée dans son rôle de capitale de l’état hébreux (les palestiniens pourront installer leur administration à Abou Dis, un quartier à l’est de la ville, aujourd’hui abandonné).

Bien sûr, la sécurité, qui est une chose sérieuse, restera l’affaire des israéliens. L’état palestinien sera totalement démilitarisé et Israël pourra intervenir partout où il le jugera bon.

Rien d’étonnant en définitive que Trump ait proposé un tel plan : on y retrouve l’influence de ses trois maîtres à penser : David Crockett (1), Walt Disney et Fritz Todt (2).


(1) pour sa solution du problème indien


(2) constructeur du mur de l’Atlantique


Françoise Sagan avait un fils nègre !

L’édition française vient de vivre un moment merveilleux : la conception par PMA d’un futur best-seller, un livre posthume de Françoise Sagan publié 15 ans après la mort de son auteur.

C’est le fils de Sagan, Denis Westhoff, qui a retrouvé l’embryon, « perdu dans les papiers (de succession), dans une montagne de papiers ». Le texte était « inachevé, incomplet… en état de jachère. Pas corrigé ». Denis Westhoff a rajouté « les mots qui manquaient », mis « des paragraphes à la bonne place » … Selon ses dires, le résultat concentre « toute l’écriture de (sa) mère, tout son caractère, tout son esprit, tout son talent, tout son humour et puis toute sa liberté, il a un très fort caractère saganesque » (1).

L’industrie du livre s’est mobilisée pour donner au roman l’audience qu’il méritait. Son éditeur l’a tiré à 80 000 exemplaires (en secret durant l’été pour « faire un coup éditorial » à la rentrée) . Les libraires, le réseau des critiques littéraires, les journaux, radios et télévisions ont été mobilisés pour la campagne de promotion. Le nouveau chef-d’œuvre de Sagan occupe aujourd’hui les têtes de gondole.

Ce grand moment d’édition nous console de l’enterrement précipité de l’auto-roman de Yann Moix (pourtant annoncé comme un Goncourt potentiel), suite à son euthanasie par les médias. Yann Moix est pourtant un ancien animateur télé : le monde du spectacle est vraiment versatile et cruel.

C’est à l’aune de ce type d’évènements qu’on mesure la richesse de la littérature française.


(1) Déclaration sur France Inter, le 18 septembre 2019


Le 26 octobre

Le 26 octobre, c’est la date anniversaire d’un non lieu : l’assassinat de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens.

Un crime d’Etat qui n’a que des non-coupables :

François Hollande, Président de la République, notoirement « empêché ».

Emmanuel Valls, Premier Ministre, très occupé ailleurs.

Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. Sensé suivre les évènements heure par heure, il ignorait officiellement encore le lendemain la cause de la mort de Rémi Fraisse. Il a montré par ailleurs une grande empathie pour la famille de la victime.

Thierry Gentilhomme, préfet du Tarn. Responsable du maintien de l’ordre sur le terrain, il avait demandé aux gendarmes de défendre « avec une extrême fermeté » l’enclos (vide) près duquel Rémi Fraisse a été tué. Il était bien sûr absent lors des évènements.

Jean Christophe J., le garde mobile qui a lancé la grenade mortelle : c’est en définitive le plus malchanceux dans l’affaire, car il a tiré sur les manifestants « sans avoir à aucun moment souhaité les atteindre » (1) ; ç’aurait été vraiment trop injuste qu’il soit inculpé.


(1) d’après l’ordonnance de non-lieu prononcée le 8 janvier 2018 par les juges toulousaines Anissa Oumohand et Élodie Billot.


Le grand débat : un succès de dingue

Après sa clôture le 15 mars, les médias ont titré sur le succès du « grand débat national ». La réalité est beaucoup plus contrastée.

Voici un (petit) retour d’expérience. Je me suis greffé sur quelques réunions toulousaines pour distribuer un tract « critique ». Selon le site granddebat.fr, 95 réunions ont été organisées à Toulouse. En fait, moins de 90, si on élimine les réunions citées deux fois, les réunions fermées au public et celles qui ont été localisées par erreur à Toulouse. J’ai participé à 9 d’entre elles …

Samedi 2 février 18 h maison de la citoyenneté de la Roseraie : c’est mon premier débat. Je trouve porte close, avec un panneau indiquant que la réunion était reportée « vu le trop grand nombre d’inscrits » (!!!). Sur le site granddebat.fr, cette réunion apparaît aujourd’hui avec la mention « compte rendu non publié. Motif : présence de données personnelles ».

Mercredi 6 février 20 h maison de la citoyenneté Centre : grille fermée, aucune information. Juste un malheureux participant attendant désespérément sur le trottoir.

Jeudi 7 février 19 h salle Limayrac à la Côte Pavée. Le débat est organisé par Corinne Vignon, députée de la troisième circonscription de la Haute-Garonne. Les gilets jaunes sont présents, ainsi que deux voitures de police garées à l’écart. 80 participants environ (il est vrai que les gilets jaunes toulousains avaient annoncé la réunion sur leur page Facebook).

Vendredi 15 février 19 h salle Ernest Renan, aux Trois Cocus : l’organisateur arrive à la bourre ; il n’a pas les bonnes clés. 3 participants (dont moi). Je suis parti au bout de 5 minutes sans distribuer mes tracts.

Lundi 18 février 18 h, de retour à la Roseraie pour un débat organisé par une association du quartier. une vingtaine de participants.

Vendredi 22 février, 19 h salle Osète près de la place occitane. Réunion organisée par un parti centriste. Je suis arrivé à 18 h 55. Je n’ai vu passer que 2 participants.

Lundi 25 février 19 h, nouvelle réunion à la Roseraie, organisée cette fois par le Modem. Une quinzaine de participants. Discussion courtoise avec une élue de la mairie. Elle me dit tranquillement : « c’est la guerre … ».

Lundi 25 février 19 h 30, salle du Sénéchal près de la place du Capitole : je n’ai distribué qu’une quinzaine de tracts (mais je suis arrivé tard, 5 minutes avant le début de la réunion). Accueil agressif d’un jeune militant.

Jeudi 28 février 20 h salle Achiary à la Côte Pavée : une douzaine de participants. Je craque ; ce sera mon dernier débat.